Le Candidat Jean-Louis Billon rencontre Le Président Assalé Tiémoko

« (…) J’aime profondément la Côte d’Ivoire et je crois en la démocratie. Depuis 2007, j’ai choisi de me battre pour nos concitoyens et pour une gouvernance digne et transparente.
 
Je suis journaliste d’investigation, c’est mon métier, ma profession. J’ai fondé un journal dont la mission est d’enquêter et de révéler l’usage des deniers publics. J’ai mené des enquêtes majeures, parfois au prix de ma liberté et de ma sécurité. En quatorze ans, aucune de mes investigations n’a pu être infirmée.
 
Si, à chaque révélation de scandale financier, ceux qui décident prenaient des mesures fermes comme ailleurs, l’État aurait pu récupérer au moins deux mille milliards en quatorze ans. Mais quand, après tant de risques, rien ne se passe, quand des mis en cause sont remis en liberté sans jugement ou simplement pas du tout inquietés, comme dans l’affaire du guichet unique automobile, trois émotions vous traversent l’esprit, émotions qu’il faut convertir en décisions stratégiques.
 
Soit vous abandonnez pour retrouver la paix ; soit vous cédez et vous rentrez dans le système pour s’enrichir en vous taisant ; soit vous poursuivez la lutte par d’autres moyens. J’ai choisi la troisième voie : m’engager en politique.
 
Aujourd’hui, je me demande comment nous avons laissé notre société s’effondrer ainsi. Comment, depuis plus de trente ans, n’avons-nous pas su bâtir une démocratie crédible, des institutions dignes de confiance ? Comment la corruption et l’injustice ont-elles pu tant pénétrer au cœur de notre société pour devenir un sport ?
 
Chaque soir, quand je rentre et que je vois ma fille de cinq ans, mes enfants, la peur me saisit : qu’adviendra-t-il d’eux demain, en mon absence si, parce qu’il détient un petit pouvoir d’État, quelqu’un peut tout leur enlever sans qu’ils puissent obtenir justice ?
Dans quarante ans, mes enfants et tous les enfants de Côte d’Ivoire vivront encore — peut-être — mais quel héritage leur laisserons‑nous si nous quittons cette terre marquée par la souffrance et l’injustice, sans leur laisser en héritage une société plus juste, plus vertueuse?
Comment rester serein quand ceux qui devraient éclairer le peuple — avocats, juristes, intellectuels, journalistes — se muent en idéologues sur des plateaux de télé, sur le terrain, transformant le mensonge en vérité pour des intérêts politiciens et la conservation du pouvoir ?
 
Je suis entré en politique parce que je crois qu’il faut changer de cap et impulser une nouvelle dynamique.
Oui, le pays a connu des progrès visibles, notamment en infrastructures, il serait malhonnête de le nier. Mais ces réalisations sont l’arbre qui cache la forêt : notre société s’effondre, notre système éducatif s’effrite, et notre jeunesse, dont la santé mentale n’est protégée d’aucune manière, adopte sous nos yeux et sous notre silence, de fausses valeurs.
Mon travail de journaliste d’investigation indépendant m’a permis de sonder les consciences de notre administration publique et je peux dire que nous ne sommes pas sur la bonne voie.
 
Faire de la politique honnêtement, défendre les populations, s’opposer aux injustices et tracer son propre chemin demeure dangereux. Je suis en train de construire une école de 3 classes avec bureau à Nguessankankro dans la sous-préfecture de Morokro, parce que les enfants de ce campement parcourent chaque jour 14 km en aller-retour pour de rendre à l’école. Je construis cette école avec mes primes de député, c’est cela mon engagement pour les enfants de ce pays et c’est pour cela que je suis venu en politique.
 
Les menaces que je reçois et celles qui pèsent sur mes collaborateurs sont réelles : j’ai été directement menacé de mort à trois reprises, ma famille a été visée. Des gens ont appelé sur les réseaux sociaux à mon élimination. J’ai déposé au moins trois plaintes depuis octobre 2024 dont deux cette année, sans qu’aucune n’aboutisse ; je n’ai jamais été auditionné par un officier de police judiciaire. On ne peut accepter une justice à deux vitesses. Nous devons être tous égaux devant la justice.
Je sais que je suis dans l’œil du cyclone et que certains, ceux qui profitent du système, rêvent de me voir en prison ou six pieds sous terre. J’en suis conscient, mais je continuerai de me battre pour ce pays et pour nos enfants.
 
Je n’ai pas été qualifié pour la présidentielle, mais l’avenir est devant nous. Je suis prêt à dialoguer avec tous les responsables politiques, sans exclusive. Nous devons parler, recréer l’espérance, et bâtir des alternances pacifiques et démocratiques car nous portons encore les conséquences du coup d’État de 1999.
La Côte d’Ivoire est aujourd’hui plus divisée qu’après la présidentielle de 2010. Il est impératif que nous nous parlions. »
 
ASSALE TIÉMOKO ANTOINE
PRÉSIDENT DE ADCI
Rencontre avec le candidat Jean-Louis Billon.
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